La liberté est un bagne aussi longtemps qu'un seul humain est asservi.
Albert Camus
La liberté est un bagne aussi longtemps qu'un seul humain est asservi.
Albert Camus
Voleur, mais dira-t-on voleur quand il s'agit
D'un homme abandonné sous la lampe qui crie
Je ne porte sur moi que les forêts d'automne
Mettez-moi nu si vous voulez mais que personne
Ne cherche à soupesr ce coeur qui n'en peut plus
Si je tiens dans mes bras des oiseaux de passage
C'est qu'il a bien fallu réchauffer ce visage
Et ce corps tout entier que le gel a mordu
Voleur de grands chemins! si l'on vole l'écume
Des soirs, si la première étoile qui s'allume
Est promise à des yeux qui ne sont pas les miens
J'ai toujours cru que la lumière était mon bien
Que je pouvais puiser dans le vent ma colère
Et m'allonger près de mon ombre sur la terre
Comme un berger s'endort à coté de son chien
Certes j'ai possédé le ciel plus que les femmes
J'ai fait du grelot noir des nuits une belle âme
Qui tinte; est-ce voler que de prendre en ses amis
Des fleurs et de crier: ceci est le levain
De toute vie; est-ce voler que de confondre
Amour avec amour; est-ce voler encor
Que de coucher son nom sur le livre du port
Lorsque le voyageur ne partira jamais?
Voler! Mais si j'avais des ailes que serait-ce?
Rien n'est impossible; il y a des voies qui conduisent à toutes choses. Si nous avions assez de volonté, nous aurions toujours assez de moyens.
La Rochefoucauld.
Si chacun de mes voeux pouvait être exaucé
Mes lunettes seraient par deux lacs remplacées.
Et le nuage bleu m'enverrait un habit
Tissé tout à la fois de soleil et de pluie.
Pour canne la forêt me donnerait un tronc
alors je cours le monde et tous les horizons
Je vais et je vais, dans l'abri que je vois
Une colombe vit qui frissonne de froid.
Je brise mon bâton qui m'est pourtant si cher
Et dans l'âtre aussitôt fais flamber un feu clair,
Réchauffe-toi, colombe, et fume cheminée!
Je vois un champ dont les graines sont calcinées,
Je me dévêt de mon seul bien, de mon habit,
Pour recouvrir le champ de soleil et de pluie,
Je traverse plus loin un paisible village
Où je vois des enfants jouer parmi les lacs
Sur mes lunettes leurs bateaux se sont lancés
Peut-être mes voeux furent-ils exaucés?
Ce n'est pas parce que les choses sont difficiles que nous n'osons pas. C'est parce que nous n'osons pas qu'elles sont difficiles.
Sénèque
IL ne faut pas de tout pour faire un monde, il faut du bonheur et rien d'autre.
Paul éluard
Je ne sais pas si j'ai vécu.
Je ne sais pas si je vis
Je regarde le ciel
Et ne reconnais pas le monde
Mon corps s'en va vers la nuit
L'amour, les fleurs des images
D'un sens à l'autre m'appellent
Ne laisse pas ma main privée de bougie
Quand ma chambre s'obscurcira
Comment dans la blancheur
Verrai-je ton éclat?
Ton appel comment l'entendrai-je
Quand je resterai seul sur mon lit
Quand mon corps connaitra le silence et le froid?
Je prends mes réalités pour tes rêves
Et la femme qui adoucit mon âme
N'a d'égale que l'homme guerrier
Qui lève en moi sa colère ancestrale
Je vois rouge
Qui parle de mes cavernes
De mes plaies ouvertes et recouvertes
Des apparences tranquilles de chaque jour
J'ai des parades de funambule
Avec un panaché pour jouer l'insouciance
Quand grondent en moi tes rapaces de désirs
Le cantique sauvage de tes formes
Les précipices béants
J'aime l'orgue inventée de mes nuits secrètes
L'eau-de-vie de mes passions barbelées
La rage de ton manque en guise de compagne
Et ma patrie de monstres à tuer chaque soir
Je ne porte pas en moi l'ombre même d'une patience
Mes colombes sont mortes avant de chanter juste
Mes vautours revivent dans l'hiver insomniaque
Je n'ai de "gentil"
Que le fourreau du poignard.
Soleil au poing. Editions Le Castor Astral. 2011
Tenir le contingent à distance
Tenir l'äme au-dessus de la mêlée
Tenir Dieu pour une idée comme une autre
Un support, une éventualité
Une contrée sauvage de l'univers poétique
Tenir les promesses de son enfance
Tenir tête à l'adversité
Ne pas épargner l'adversaire
Tenir parole ouverte
Tenir la dragée haute à ses faiblesses
Ne pas se laisser emporter par le courant
Tenir son rang dans le rang de ceux qui sont décidés
A tenir l'homme en position estimable
Ne pas se laisser séduire par la facilité
Sous le prétexte que les pires
Se haussent commodément au plus haut niveau
Et que les meilleurs ont peine à tenir la route
Etre digne du privilège d'être
Sous la forme la plus réussie:l'homme.
Ou mieux encore: la femme
Je ne suspendrai pas ma harpe aux branches d'arbre
Mais pour tous les vents j'en jouerai
Même en rêve déjà je n'ai plus en partage
Un pays de miel et de lait
Un souriceau dans mon ame grignote,
Pères, aîeux, votre vieux chant s'abat
La semaine, clouant un astre sur sa porte
Et il verrouille mon propre Shabbat
Broyez-moi, broyez-moi, minuscules pépins,
Meules des temps passés et des temps à venir
Si seulement ainsi l'étoile du matin
Comme une pomme peut mûrir.