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17 mai 2011 2 17 /05 /mai /2011 05:00

Je suis de bois, mes mains et mon visage.

De bois je suis, oui, de dur coeur de chêne,

Oeuvre gauche d'un sculpteur malhabile

Mais les forêts frémissent dans mon coeur.

 

Je suis léger jusqu'au bout de mes branches,

Mal équarri du torse et lourd du tronc.

Mais des oiseaux y peuplent mes dimanches,

Les vents y font virer leurs escadrons.

 

Arbre perdu dans les futaies humaines

Où la cognée bat parfois sourdement

Arbre pleurant ses lyres incertaines,

Arbre immobile en la forêt dormant,

 

Ecartelé d'incessantes tempêtes,

Indifférent au souffle chaud des bêtes,

Aveugle et sourd aux sources dans la mousse,

Déjà prêt pour sa chute ténébreuse,

 

Déjà paré pour son éternité.

 

Maurice Fombeure

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10 mai 2011 2 10 /05 /mai /2011 08:17

Athanordespoetes-1ecouvJacques Viallebesset a l'immense plaisir d'être , au milieu de quelques cent -vingt poètes et poétesses , présent dans "L'athanor des poètes", l'anthologie 1991-2011 réalisée par Danny-Marc et Jean-Luc Maxence. Vingt ans de recherche, de travail, de découvertes menés de manière obstinée pour défendre, dans l'indépendance et hors des chapelles, des a-prioris, des idées toutes faites LA poésie, sous ses multiples facettes.C'est un kaleîdoscope bariolé qui est ainsi offert par Les cahiers du sens et Le nouvel athanor.Quelle meilleure preuve que cette anthologie pour montrer , à travers ses divers courants, que la poésie est "bien vivante". Loin des institutions, elle court de bouche à oreilles, elle s'infiltre, elle innerve tout ce qui bruisse, frémit, pense, vit. Grand merci à Danny-Marc et Jean-luc Maxence de m'honorer ainsi...

 

L'athanor des poètes.

Editions Le nouvel athanor.

266 pages. 20 E TTC.

en vente en librairie.

Diffusion Soleils

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1 mai 2011 7 01 /05 /mai /2011 05:00

Ma femme à la chevelure de feu de bois

Aux pensées d'éclair s de chaleur

A la taille de sablier

Ma femme à la taille de loutre entre les dents du tigre

Ma femme à la bouche de cocarde et de bouquets d'étoiles de dernière grandeur

Aux dents d'empreinte de souris blanche sur la terre blanche

A la langue d'ambre et de verre frottés

Ma femme à la langue d'hostie poignardée

A la langue de poupée qui ouvre et ferme les yeux

A la langue de pierre incroyable

Ma femme aux cils de bâton d'écriture d'enfant

Aux sourcils de bord de nid d'hirondelle

Ma femme aux tempes d'ardoise de toit de serre

Et de buée aux vitres

Ma femme aux épaules de champagne

Et de fontaines à têtes de dauphins sous la glace

Ma femme aux poignées d'allumette

Ma femme aux doigts de hasard et d'as de coeur

Aux doigts de foins coupés

Ma femme aux aisselles de martre et de fênes

De nuit de la Saint-Jean

De troène et de nids de scalares

Aux bras d'écume de mer et d'écluse

Et de mélange du blé et du moulin

Ma femme aux jambes de fusée

Aux mouvements d'horlogerie et de désespoir

Ma femme aux mommets de moêlle de sureau

Ma femme aux pieds d'initiales

Aux pieds de trousseaux de clefs aux pieds de calfats qui boivent

Ma femme au cou d'orge imperlé

Ma femme à la gorge de val d'or

De rendez-vous dans le lit même du torrent

Aux sens de la nuit

Ma femme aux seins de taupinière marine

Ma femme aux seins de creuset du rubis

Aux seins de spectre de la rose sous la rosée

Ma femme au ventre de dépliement de l'éventail des jours

Au ventre de griffe géante

Ma femme au dos d'oiseau qui fuit vertical

Au dos de vif argent

Au dos de lumière

A la nuque de pierre et de craie mouillée

Et de chute d'un verre dans lequel on vient de boire

Ma femme aux hanches de nacelle

Aux hanches de lustre et de pennes de flèche

Et de tiges de plumes de paon blanc

De balance insensible

Ma femme aux fesses de grès et d'amiante

Ma femme aux fesses de dos de cygne

Ma femme aux fesses de printemps

Au sexe de glaïeul

Ma femme au sexe de placer et d'ornithorynque

Ma femme au sexe d'algue et de bonbons anciens

Ma femme au sexe de miroir

Ma femme aux yeux pleins de larmes

Aux yeux de panoplie violette et d'aiguille aimantée

Ma femme aux yeux de savane

Ma femme aux yeux d'eau pour boire en prison

Ma femme aux yeux de bois toujours sous la hache

Aux yeux de niveau d'eau de niveau d'air de terre et de feu.

 

 

 

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24 avril 2011 7 24 /04 /avril /2011 05:00

Sur mes cahiers d'écolier

Sur mon pupitre et sur les arbres

Sur le sable de neige

J'écris ton nom

 

Sur les images dorées

Sur les armes des guerriers

Sur la couronne des rois

J'écris ton nom

 

Sur la jungle et le désert

Sur les nids sur les genêts

Sur l'écho de mon enfance

J'écris ton nom

 

Sur les merveilles des nuits

Sur le pain blanc des journées

Sur les saisons fiancées

J'écris ton nom

 

Sur tous mes chiffons d'azur

Sur l'étang soleil moisi

Sur le lac lune vivante

J'écris ton nom

 

Sur les champs sur l'horizon

Sur les ailes des oiseaux

Et sur le moulin des ombres

J'écris ton nom

 

Sur chaque bouffée d'ambre

Sur la mer sur les bateaux

Sur la montagne démente

J'écris ton nom

 

Sur la mousse des nuages

Sur les sueurs de l'orage

Sur la pluie épaisse et fade

J'écris ton nom

 

Sur les sentiers éveillés

Sur les outes déployées

Sur les places qui débordent

J'écris ton nom

 

Sur la lampe qui s'allume

Sur la lampe qui s'éteint

Sur mes raisons réunies

J'écris ton nom

 

Sur le fruit coupé en deux

Du miroir et de ma chambre

Sur mes maisons réunies

J'écris ton nom

 

Sur mon chien gourmand et tendre

Sur ses oreilles dressées

Sur sa patte maladroite

J'écris ton nom

 

 

Sur les formes scintillantes

Sur les cloches des couleurs

Sur la vérité physique

J'écris ton nom

 

Sur le tremplin de ma porte

Sur les objets familiers

Sur le flot du feu béni

J'écris ton nom

 

Sur la vitre des surprises

Sur les lèvres attendries

Bien au-dessus du silence

J'écris ton nom

 

Sur mes refuges détruits

Sur mes phares écroulés

Sur les murs de mon ennui

J'écris ton nom

 

Sur l'absence sans désir

Sur la solitude nue

Sur les marches de la mort

J'écris ton nom

 

Sur la santé revenue

Sur le risque disparu

Sur l'espoir sans souvenir

J'écris ton nom

 

Et par le pouvoir d'un mot

Je recommence ma vie

Je suis né pour te connaître

Pour te nommer.

 

Paul 2luard

 

 

 

 

 

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22 avril 2011 5 22 /04 /avril /2011 15:15

Est-ce toi dans cette petite vie

Dans l'intérieur si mal tenu de ma poitrine

Tu fais si peu de bruit que je crains de te perdre

Et tu passes sur moi comme une main mouillée

Je peux t'abandonner comme au cours d'un voyage

On oublie dans un lit d'hotel ou d'un meublé

Une fatigue de dix ans un corps maussade

Malgré moi je saurai bien te retrouver

Au détour d'un jour creux et doux comme une ruine

Dans l'avenue trop courte où mes jours sont comptés

Car j'ai besoin de toi comme l'enfant prodige

Balloté dans les draps brûlants de la pensée

Se réveille en criant c'en est trop du vertige

Un peu d'eau douce

Dans cette grande solitude salée

Je saurai te donner toujours la préférence

Ce peu de moi si loin de moi qui me revient

Epousé par tant d'angles durs de murs atroces

Cette balle sanglante et triste comme un poing;

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20 avril 2011 3 20 /04 /avril /2011 05:00

Guérira-t-il de toi, ce coeur à la torture?

Non : la mort tend sa flèche, elle presse l'allure,

Elle va devancer l'instant de te revoir!

Séparation, désir, tremblement, désespoir!

Voudrais-je m'approcher que tu me le défends.

Je suis comme l'oiseau dans la main d'un enfant.

Elle le serre, il goûte aux vasques de la mort.

Mais quoi. L'enfant s'amuse, il se moque du sort

De sa proie, trop petit pour avoir pitié d'elle,

Et trop petit l'oiseau pour fuir à tire d'aile.

Je sais, moi, mille endroits vers où guider mes pas...

Mais où aller, mon coeur, si tu ne me suis pas?

 

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19 avril 2011 2 19 /04 /avril /2011 05:00

Je n’sais plus combien ça fait d’mois

Qu’on s’est rencontrés, toi et moi

Mais depuis tous deux, on s’balade..

On n’prend jamais le vent debout

C’est lui qui pousse et on s’en fout

Ma camarade…

En avril, tous les prés sont verts

Ils sont tout blancs quand c’est l’hiver

E n mars, ils sont en marmelade

Mais il y a pour deux vagabonds

Un coin d’étable ou il fait bon

Ma camarade !

On s’souviendra du Balthazar

Qu’on a fait ce soir par hasard

Avec un vieux corbeau malade

On a tout mangé, même les os

Et tu va roupiller bientôt

Ma camarade…

Vlà la première étoile qui luit

Les grenouilles dans le fond d’la nuit

En chœur lui font la sérénade

Les grenouilles  ont des p’tits points d’or

Dans les yeux..tu l’savais ? Tu dors

Ma camarade

Je me demande certains jours

Pourquoi nous poursuivons toujours

Cette éternelle promenade

Oui, c’est parce qu’on n’a pas trouvé

Le bonheur qu’on avait revé

Ma camarade

Un jour on s’ra tout ébahis

On arriv’ra dans un pays

Plein de fleurs, d’oiseaux, de cascades

On s’ra reçus à bras ouverts

Y’aura des carillons dans l’air

Ma camarade

Y’aura une grande blonde pour moi

Et puis un grand blond pour toi

Qui trouvs’s que les blonds c’est trop fade…

On s’trouvera bien à notre goût

Et dirons : venez donc chez nous !

Ma camarade

On trouvera  ça, mais oui, mon dieu

C’est peut-et là-haut dans les cieux

Dam’, faudra pas rester en rade…

On a tant marché ici-bas

Qu’y a pas de raison qu’on n’y arriv pas !

Ma camarade

 

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18 avril 2011 1 18 /04 /avril /2011 07:00

Pour toi qui es la rose indescriptible

Au moins des mots qui sont de son processionnel coutumier

La rose que ne font voir que les mots étrangers à la rose

Ainsi qu'il en va du cri qui s'arrache et de la douleur qu'il traduit

Des étoiles du plaisir au-dessus de l'abîme d'amour

J'inventerai pour toi la rose des doigts adorants

Qui formaient nef et se croisèrent et se défeuillent

J'inventerai pour toi la rose sous le porche

Des amants qui n'ont d'autre lit que leurs bras

La rose au coeur des gisants de pierre morts sans confession

La rose du paysan qui saute sur une mine dans son champ

Le parfum cramoisi d'une lettre trouvée

Où rien ne s'adresse à moi ni la caresse ni l'affront

Le rendez-vous oùpersonne n'est venu

Une armée en fuite un jour de grand vent

Le pas d'une mère devant une prison

Un chant d'homme à l'heure de la sieste sous les oliviers

Un combat de coqs dans un pays de brumes

La rose du soldat séparé de son pays

J'inventerai pour toi ma rose autant de roses

Qu'il y a de diamants dans l'eau de la mer

Autant de roses qu'il y a de siècles dans la poussière du temps

Autant qu'il y a de rêves dans une seule tête d'enfant

Autant qu'il peut y avoir de lumières dans un sanglot.

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15 avril 2011 5 15 /04 /avril /2011 05:00

A peine a-t-on le temps de vivre

On se retrouve cendre et givre

Adieu

Et pourtant j'aurais tant à faire

Avant que les mains de la terre

Me ferment à jamais les yeux

Je voudrais faire un jour de gloire

D'une femme et d'une guitare

D'un arbre et d'un soleil d'été

Je voudrais faire une aube claire

Pour voir jusqu'au bout de la terre

Des hommes vivre en liberté

Assis entre deux équilibres

Dans ce monde qui se croit libre

Et qui batit des miradors

Je voudrais bien que nul ne meure

Avant d'avoir un jour une heure

Aimé toutes voiles dehors.

Apeine a-t-on le temps de vivre

On se retrouve cendre et givre

Adieu

Et pourtant j'aurais tant à faire

Avant que les mains de la terre

Me ferment à jamais les yeux.

De mes deux mains couleur d'argile

Je voudrais bâtir une ville

Blanche jusqu'au-dessus des toits

Elle serait belle comme une

Chanson du temps de la Commune

Pétrie de bonheur hors-la-loi

Et puis que le printemps revienne

Pour revoir à Paris sur peine

Des enfants riant aux éclats

Lorca errant dans Barcelone

Tandis que l'abeille bourdonne

Dans le frais parfum des lilas.

A peine a-t-on le temps de vivre

On se retrouve cendre et givre

Adieu

Et pourtant j'aurais tant à faire

Avant que les mains de la terre

Me ferment à jamais les yeux.

 

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13 avril 2011 3 13 /04 /avril /2011 05:00

Que serais-je sans toi qui vins à ma rencontre

Que serais-je sans toi qu'un coeur au bois dormant

Que cette heure arrêtée au cadran de l'horloge

Que serais-je sans toi que ce balbutiement

 

J'ai tout appris de toi sur les choses humaines

Et j'ai vu désormais le monde à ta façon

J'ai tout appris de toi comme on boit aux fontaimes

Comme on lit dans le ciel les étoiles lointaines

Comme au passant qui chante on reprend sa chanson

J'ai tout appris de toi jusqu'au sens du frisson

 

J'ai tout appris pour ce qui me concerne

Qu'il fait jour à midi que le ciel peut être bleu

Que le bonheur n'est pas un quinquet de taverne

Tu m'as pris par la main dans cet enfer moderne

Où l'homme ne sait plus ce que c'est qu'être deux

Tu m'as pris par la main comme un amant heureux

 

Qui parle de bonheur a souvent les yeux tristes

N'est-ce pas un sanglot de la déconvenue

Une corde brisée aux doigts du guitariste

Et pourtant je vous dis que le bonheur existe

Ailleurs que dans le rêve ailleurs que dans les nues

Terre Terre voici ses rades inconnues

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Présentation

  • : L'atelier des Poètes - par Jacques Viallebesset
  • : VIVRE POETIQUEMENT, L'AMOUR VRAI, LA JOIE D'ETRE sont les trois facettes d'une seule et même chose qui se nomme: ETRE et ne pas seulement exister. Lorsqu'on vit poétiquement, forcément, ça laisse des traces....
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L'atelier des Poètes

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