Moi troubadour et la fille d'amour
Nous errons la nuit autour des lanternes
Signes de mouchoir, adieu sans retour
A toi, notre étoile, astre de déveine.
Nous allons ailleurs vers un sort meilleur
Avant que le blé ne sorte des graines
Avant que les roses ne perdent couleurs.
Moi troubadour et la fille d'amour
Qui de son caveau tirons la beauté
Marchons à présent rompus, hébétés
Par la vie, par l'astre et par la rengaine.
Aux portes de l'ombre allons-nous buter
Avant que le blé ne sorte des graines
Avant que le temps des moissons ne vienne?
Et dans le coeur blanc des nuits
Nous nous blottirons, icônes sans voix
Dans les coins perdus, dans l'oubli des chambres
Nous rappellerons, frappant de nos doigts
Que de notre vie sont mortes les branches
Avant que le blé ne sorte des graines
Avant que le temps des moissons ne vienne.
Vous entendrez des mots silencieux
Assis pensifs dans l'ombre et l'absence
Mille soleils brûleront dans vos cieux
Hommes à genoux dans un rêve immense,
Et ce jour viendra pour tous ceux, tous ceux
Dont la vie fleurit, dont la vie commence
Avant que le blé ne sorte des graines
Avant que le temps des moissons ne vienne.