La couleur bleue a été remarquablement "vue" par Goethe dans son " traité des couleurs" : " Cette couleur fait à l'oeil une impression étrange et presque informulable. En tant que couleur, elle est une énergie; dans sa pureté la plus grande, elle est en quelque sorte un néant attirant" écrit l'auteur qui remarque qu 'une "surface bleue semble reculer devant nous". Plutôt que " néant" , il faudrait traduire " vide" , au sens où le vide est attirance de toutes potentialités. Le bleu du ciel , transparence diurne devant le noir du vide interstellaire, attire le regard vers sa profondeur comme l'océan invite au départ vers l'autre coté de l'horizon. " Entrer dans le bleu, écrit Pierre Grison, c'est un peu comme "alice au pays des merveilles": passer de l'autre coté du miroir. Couleur de l'inacessible fond du ciel des beaux jours, de la lointaine planète Jupiter dont l'éclat dominant perce la nuit, couleur de la lumière de la lune, couleur de l'air et de l'eau, qui circule sans cesse autour de notre globe et la pénètre , faisant d'elle " l'orange bleue" d'Eluard, couleur de l'horizon fuyant et du vent, le bleu est un vecteur universel et primordial sur les chemins vers l'infini de l'espace et du temps...