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22 août 2017 2 22 /08 /août /2017 06:36

On ne trouvera plus que cendres dans mon lit

Un sang amer m'aura consumé cette nuit

Déjà j'ai rejeté mon coeur loin en arrière

Et mes chevaux vingt ans ont sauté la barrière

Ainsi le temps n'est plus où je secouais les astres

Où un geste effaçait les ombres du chemin

Je portais le front de la terre entre mes mains

J'étais semblable aux vents aux grands soleils vivaces

Mes yeux bleus remettaient chaque ciel à sa place

Il y avait encore le miel sur les collines

Des guêpes endormies dans la paix des poitrines

Et les matins d'hiver traversés par l'amour

Maintenant tout est clos

Les fleurs sans leur poison

L'horloge crucifiée au bord de la cloison

Les portes qui s'ouvraient jadis entre les branches

Et les cloches roulant les pentes du dimanche

Qui touchera jamais la corde de mon coeur

Certes pas les oiseaux ni tes seins jeune fille

Des éclats de ma chair pourrissent sur les grilles

Remords peut-être es-tu ma première douceur.

 

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8 août 2017 2 08 /08 /août /2017 07:40
Amphise . Patrice de la Tour du Pin

Je sortais de moi lentement 

Je fus pris dans un beau vent souple 

Chaud comme un naseau de jument 

Et velouté comme sa croupe 

Et tous les regards forestiers, 

Perles de givre dans les branches 

Ou tapis comme des pervenches 

Me regardaient qui m'éloignais.

Ils m'en voulaient de cette fuite, 

Car j'abandnnais ma forêt

Intime et sourcilleuse et triste 

Pour un beau vent bien moins secret.

Ils me reprochaient mon envol, 

Leurs yeux me perçaient durement, 

Mais le vent baissa jusqu'au sol

Et moi j'ai enfourché le vent...

Celui qui passe les limites 

Des âmes d'hommes interdites

Jusqu'à là par manque d'amour .

Celui qui se gorge d'espace 

Et celui du lit de la Grâce

Dans sa croisière au plus long cours.

Mais comme il emportait au corps

Les relents de toutes contrées,

D'un couo je tirai sur son mors

Et retournai vers ma forêt,

Galopai se plus longue laie

Fis un grand courant d'air doré

Où me suivaient biches et cerfs, 

Tendis les branches violemment,

Entraînai tout dans mon élan , 

Ma forêt qui devenait blonde

Comme le soleil l'animait;

Et j'ai chevauché sur le monde

Porteur de tout ce que j'aimais ...

 

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17 juillet 2017 1 17 /07 /juillet /2017 08:51
Ils étaient deux. Hugo Von Hofmannsthal

Une coupe au bord de la bouche, 

elle allait d'un si ferme pas

et la main si sûre que pas

une goutte ne se versa

 

Il montait un cheval farouche

Si sûre et ferme était sa main 

que, frémissant au coup de frein 

le cheval s'arrêta soudain 

 

Et pourtant, quand la main légère 

à l'autre main gantée de fer 

cette simple coupe tendit, 

ils tremblaient si fort, elle et lui, 

que les mains ne se rencontrèrent

et le vin noir se répandit . 

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12 juillet 2017 3 12 /07 /juillet /2017 09:02

Tu m'as reçu comme le jour reçoit 

les premières lueurs de l'aube, 

tu m'as dit que derrière le soleil 

des poèmes prenaient racine, tu 

m'as parlé d'oseaux perdus, 

de fleurs inapaisées, tu m'as dit 

qu'une source jouait dans les replis 

de te mémoire...et je t'ai cru , 

 

( ...) et je me donne à toi , plus fortement

plus sûr de cette envie qui m'entraine 

et me pousse à soulever le temps 

pour voir par où tu passes 

sans déplacer un seul mot de mon poème 

et sans me dire qui je deviens 

quand plus rien dans ma phrase ne bouge . 

 

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10 juillet 2017 1 10 /07 /juillet /2017 07:03
L'allée. Jules Supervielle

Ne touchez pas l'épaule

Du cavalier qui passe 

Il se retournerait 

Et ce serait la nuit, 

Une nuit sans étoiles, 

Sans courbe ni nuages

Alors que deviendrait 

Tout ce qui est dans le ciel, 

La lune et son passage, 

Et le bruit du soleil? 

- Il vous faudrait attendre 

Qu'un second cavalier aussi puissant que l'autre

Consentit à passer. 

 

Jules Supervielle 

 

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7 juin 2017 3 07 /06 /juin /2017 09:48
Epitathe. Jean-Pierre Rosnay

Je ne suis né que pour quelques poèmes 

Ma vie n'existe qu'en plain-chant 

Je les portais du bout du temps 

Et je chantais à perdre haleine 

 

Je discourais d'amour la nuit au pied des arbres 

Et la nuit m'accueillait et la forêt m'aimait 

Je ne veux sur ma tombe ni le fer ni le marbre 

Mais je souhaite un ruisseau et quelques roitelets 

 

Je ne veux rien sur ma dépouille 

Rien qui puisse me rappeler

Rien qu'un peu d'eau pour les grenouilles 

Et quelques enfants à jouer 

 

J'aimais tant le chant des grenouilles 

Glissant l'anneau d'or de l'été 

Et les enfants mal décoiffés 

 

Je ne suis né que pour quelques poèmes 

Qui m'aime m'oublie par amour de moi 

Rien n'est plus urgent que la vie 

La vie qui fuit entre mes doigts . 

 

Anthologie Jean-Pierre Rosnay 

Editions Le nouvel athanor . 

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7 juin 2017 3 07 /06 /juin /2017 06:58
Meurs et deviens- Goethe

Ne le dites à personne, à 'exception des sages 

Car la multitude est prompte à railler 

Je veux louer l'être vivant 

Qui aspire à mourir dans la flamme 

 

Dans la fraicheur des nuits d'amour 

Où tu reçus, où tu donnas la vie 

Un sentiment étrange te saisit, 

Quand brille l'immobile flambeau 

 

Tu ne restes plus enfermé 

Dans l'ombre ténébreuse 

Et un désir nouveau t'emporte 

Vers des épousailles plus hautes

 

Toute distance ne te rebute 

Tu accours en volant, fasciné par la flamme 

Et finalement, amant de la lumière 

Ô papillon, te voilà consumé

 

Et tant que tu n'as pas compris 

Ce " Meurs et deviens" 

Tu n'es qu'un obscur passager 

Sur cette terre ténébreuse. 

 

 

 

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23 avril 2017 7 23 /04 /avril /2017 08:34
Le clown se meurt . Catherine Smits

 

Je nais chaque fois que je monte sur scène

 

Un gros nez rouge sur mon visage blême

 

Je suis l’enfant dont je me souviens bien

 

Un homme d’esprit, un poète du rien

 

 

 

J’attrape le ridicule et le fait tournoyer        

 

Avec l’élégance des désespérés

 

Je suis le fou qui transforme les blessures

 

Des âmes fêlées de mille et une brisures

 

 

 

Je jongle avec mon ballon pathétique

 

Entre tristesse et vérités cyniques

 

Mes soupirs sont une oraison d’amour

 

Qui bat doucement la mesure des tambours

 

 

 

Je verse des larmes que personne ne remarque

 

Détresse muette, miroir de mes grimaces

 

Je tente de vous prendre par le bout du cœur

 

Je ne suis pour vous qu’un stupide amuseur

 

 

 

Je trébuche sur le gradin de vos rires

 

Mes pieds dans cette humaine tragédie

 

Bienvenue dans le cirque de l’Univers

 

J’ouvre mes bras d’étoiles et de poussière

 

 

 

L’heure de ma dernière farce a sonné

 

Je rejoins ma verdine les bras chargés

 

De la misère du monde et de vos peurs

 

Sous son fardeau, le clown se meurt

 

 

 

Mais avant de tirer ma révérence

 

Avant de toucher le fond en silence

 

Il me reste l’ironie du désespoir

 

Pour ceux qui n’ont rien compris à l’histoire.

 

 

 

 

 

Catherine Smits

Poème inédit

 

Tous droits réservés

 

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22 avril 2017 6 22 /04 /avril /2017 07:50
Tes mains d'oiseau . Florence Jeryas

J'apparais à moi-même

Avec tes mains d'oiseaux

Arabesques sourcières

Qui m'érigent en rameaux

Je m'ouvre en éventail

Mes souffles agitent le vent

D'intimes fiançailles

Sacrent tous nos serments .

Poème inédit

 

 

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14 avril 2017 5 14 /04 /avril /2017 08:08

Ils n'existent pas, les poètes

Ils naissent sans cesse

Et surgissent sans prévenir

De la glaise du poème.

 

Qui est-il cet autre qui nous rêve?

 

Ils vont chercher de par le monde

Eux, les poètes

La terre creuse et désoeuvrée.

 

Une chimère défigure la Parole perdue

Et le poète entame son pélerinage

Un désert noir fond sur les blés

Et le poète l'arrête d'un cri d'enfant

 

Qui sait la lettre qui ouvrira la lucarne?

 

Il y a un être entier dans la paume de nos mains

Et nous ne voyons rien

Ou si peu-

                 les poètes 

 

Matthieu Baumier . Le silence des pierres. Editions Le Nouvel Athanor.

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  • : L'atelier des Poètes - par Jacques Viallebesset
  • : VIVRE POETIQUEMENT, L'AMOUR VRAI, LA JOIE D'ETRE sont les trois facettes d'une seule et même chose qui se nomme: ETRE et ne pas seulement exister. Lorsqu'on vit poétiquement, forcément, ça laisse des traces....
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