Je me sens pareil
Au premier lourdaud
Qu'encore émerveille
Le moindre jet d'eau
Les gens de ma sorte
Il en est beaucoup
Savent-ils qu'ils portent
Une pierre au cou
Un destin banal
Une âme blessée
Comme un vieux journal
Un veston froissé
Pour eux les miroirs
C'est le plus souvent
Sans même s'y voir
Qu'ils regardent dedans
Ils n'ont pas le sens
De ce qu'est leur vie
C'est une innocence
Que je leur envie
Il m'a fallu naître
Et mourir s'en suit
J'étais fait pour n'être
Que ce que je suis
Une saison d'homme
Entre deux marées
Quelque chose comme
Un chant égaré
ô vague aventure
Par hasard courue
Un bruit de voiture
Au bout de la rue
Tant pour le plaisir
Que la poésie
Je croyais choisir
Et j'étais choisi
Je me croyais libre
Sur un fil d'acier
Quand tout l'équilibre
Vient du balancier
Au bout de mon âge
Qu'aurai-je trouvé
Vivre est un village
où j'ai mal rêvé.